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La fertilité, ce processus biologique si naturel, est aujourd'hui menacée par des ennemis invisibles et omniprésents : les perturbateurs endocriniens (PE). Ces substances chimiques, capables d'interférer avec notre système hormonal, sont présentes partout dans notre environnement, de nos produits de consommation courante à nos aliments. Dans cet article, nous vous donnons les clés pour comprendre l’impact qu’ont ces PE sur notre fertilité, et plus globalement sur notre santé.
Les perturbateurs endocriniens (PE) sont des substances chimiques qui viennent perturber notre système hormonal. Pour faire simple, ils peuvent imiter, bloquer ou modifier les signaux de nos hormones, ce qui entraîne divers problèmes de santé, notamment en matière de fertilité.
Controversés depuis des dizaines d’années, les PE restent, aujourd’hui, très présents dans notre environnement, au péril de notre santé et de celle de nos enfants. Mais concrètement, que sont ces substances et où les retrouve-t-on ?
Présente dans certains plastiques, notamment alimentaires, cette molécule pose problème car elle imite à la perfection l’oestrogène, hormone féminine au rôle ô combien essentiel ! On retrouve le BPA dans les conserves, contenants alimentaires divers, gourdes, lunettes, CD, bouilloires, jouets pour enfants, etc. C’est uniquement depuis 2015, que l’utilisation du BPA est restreinte dans la composition de produits destinés à entrer en contact avec des aliments, en particulier ceux destinés aux enfants en bas âge (biberons, tétines de biberons, etc). Un petit pas en avant, pensez-vous ? Encore aujourd’hui, le Bisphénol A est loin d’être totalement interdit : sa production mondiale dépasse les 3 millions de tonnes par an.
Connus pour assouplir les plastiques et stabiliser les parfums, les phtalates n’ont pas seulement un impact sur la fertilité féminine et masculine. L’exposition à ces substances ont un lien avec l’augmentation du nombre de naissances de bébés prématurés. Une étude menée aux Etats-Unis entre 1983 et 2018 a montré qu’en diminuant de 50% notre exposition aux phtalates 10% des naissances prématurées pourraient être évitées. On sait aussi qu’ils sont à l’origine de malformations génitales et de puberté précoce. On les retrouve dans de nombreux produits de la vie courante, comme les sacs et vêtements, jouets, peintures, contenants et films plastiques alimentaires, mais aussi, les parfums et cosmétiques.
Présents dans des médicaments et utilisés comme conservateurs dans les cosmétiques et les aliments, les parabènes sont doublement dangereux : en plus de venir perturber le système endocrinien, ils ont aussi des effets cancérigènes avérés. Et pourtant, ils sont partout ! On en retrouve également dans les vernis, colles et produits d’entretiens. Pour autant rechercher le sans parabènes n’est pas non plus gage de qualité car son remplaçant le méthylisothiazolinone (MIT) soulève aussi bon nombre d’interrogation.
Cette liste est malheureusement non-exhaustive, on compte aussi parmi les perturbateurs endocriniens les triclosans, les retardateurs de flamme bromés (BFR), les pesticides organochlorés, le plomb, le mercure, le téflon mais aussi le soja et le lin (oui oui !). Aujourd’hui on estime le nombre de perturbateurs endocriniens à quelques milliers et selon certains chercheurs, on serait même peut être en dessous de la réalité…
Il est difficile d'établir une liste complète des effets de chaque perturbateur endocrinien sur la fertilité, car on manque de recul et d'études approfondies sur le sujet. Cependant, les recherches existantes s'accordent sur un point : les PE ont un impact significatif sur diverses pathologies et déséquilibres hormonaux qui sont à l'origine de l’hypofertilité (baisse de la fertilité) , tant chez les femmes que chez les hommes.
Parmi les conséquences, on trouve les insuffisances ovariennes primaires, le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), l'endométriose, les ménopauses précoces, des malformations congénitales, une diminution de la qualité et de la quantité du sperme, une augmentation des cancers des testicules, des ovaires et de l'utérus (avec les pubertés précoces liées aux PE comme l'un des facteurs). Ces conditions, ainsi que leurs traitements, peuvent mener à l’infertilité. Ça commence à faire beaucoup, non ?
Les chiffres vont dans ce sens puisqu’on sait qu’en 1991, 14% des couples souhaitant avoir un enfant n’y parviennent pas après 12 mois de rapports non protégés (critère retenu par l’OMS pour définir l’infertilité). Aujourd’hui, c’est 1 couple sur 4 ayant un projet d’enfant qui est concerné par des problèmes d’hypofertilité.
Notre exposition aux perturbateurs endocriniens est de plus en plus mise en cause en ce qui concerne la baisse de notre fertilité et par conséquent, celle des générations futures.
Le plus alarmant, est leur effet cocktail ( et malheureusement, on ne parle pas de mojito ici)
En effet, il a été prouvé que les PE auraient un effet démultiplié lorsque plusieurs substances se rencontrent. En bref, c’est l’association qui fait le poison !
Selon le chercheur André Cicolella “Ce n’est pas la dose qui fait mal, mais le moment de la contamination,»
Nous sommes plus vulnérables exposés à des PE à certains moments de notre vie : de la vie foetale jusqu’au 2/3 ans dans un premier temps ( les PE parviennent à passer par le placenta !), puis à l’adolescence, lorsque la fête aux hormones de la puberté est lancée.
Heureusement, il existe des moyens de réduire notre exposition à ces substances nocives et de limiter l’effet cocktail qui donne du fil à retordre à nos hormones.
Vous êtes arrivé.e jusqu’ici dans la lecture de cet article, et vous vous sentez impuissant.e face à ce cocktail de PE dont regorge notre quotidien ? Pas de panique, il existe des astuces toutes simples à adopter pour préserver votre santé et votre fertilité !
Le premier tips que l’on vous recommande est de privilégier une alimentation biologique. Car oui, il s’agit bel et bien de la première source de notre exposition aux perturbateurs endocriniens.
Opter pour des produits bio vous permet ainsi de réduire votre exposition à des pesticides, largement présents sur nos fruits et légumes, ou encore aux métaux lourds.
On préfère également une alimentation faite maison, peu transformée pour éviter les conservateurs et additifs présents dans les plats industriels.
Après la chasse aux PE dans la cuisine, place à la salle de bain ! Le saviez-vous ? Plus de 40% des cosmétiques contiennent au moins un perturbateur endocrinien. Les composants nocifs dans nos produits cosmétiques peuvent parfois rester sur le marché pendant des vingtaines d'années avant d'être interdits. Si la réglementation ne change pas, il est temps de boycotter les produits qui les contiennent. Parmi ces substances préoccupantes, on trouve, par exemple, les parabènes, les PEG et les phtalates, souvent dissimulés sous l'appellation « parfum ». Et c’est tout à fait légal…
Pour résumer le tout, on vous recommande vivement d’opter pour des cosmétiques :
- et le top du top, des cosmétiques ayant passé avec succès le test OEDT, le seul moyen de vous assurer de l’absence totale de d’activité oestrogénique dans un produit. Moom est la toute première marque de soins compatibles grossesse et allaitement à avoir réalisé le test sur ses produits ! Et on trouve parmi les produits tout pour sa routine quotidienne : Shampoing, gel douche, huile de soin, crème et nettoyant & démaquillant
On pense que vous l’avez deviné, mais réduire un maximum votre utilisation de produits en plastique est inévitable si vous souhaitez vous débarrasser une bonne fois pour toute des perturbateurs endocriniens. Ceux portant les codes de recyclage 3, 6 et 7, peuvent libérer des substances comme le bisphénol A (BPA) et des phtalates. Dans votre cuisine, troquez vos fameux tupperwares en plastique par des boîtes hermétiques en verre. Idem avec les ustensiles de cuisine, on privilégie ceux en bois ou en inox ! Si vous êtes un.e adepte du film plastique, sorry, mais il contient lui aussi des phtalates problématiques…
Et par pitié, ne ruinez pas tous ces efforts en optant pour des poêles en téflon (contenant des perturbateurs endocriniens).
Les produits d’entretien du commerce sont souvent remplis de composés chimiques qui peuvent être perturbateurs. Pourquoi ne pas fabriquer ses propres produits de nettoyage? De nombreuses recettes pour des lessives et nettoyants multi-usages faits maison sont disponibles sur le web ! Pour la lessive, essayez celle-ci : mélangez 100g de savon de Marseille bio en paillettes (ou râpez vous-même avec un économe) dans 2 litres d'eau chaude, ajoutez 2 cuillères à soupe de bicarbonate de soude, et voilà ! Cette méthode offre une lessive sans éléments nocifs, la fierté de l'avoir faite soi-même, et des économies considérables. Vous pouvez aussi choisir des produits ménagers bio, une très bonne alternative aux produits classiques. Il suffit de rechercher des certifications bio telles qu'Ecocert, Nature & Progrès…
Il est essentiel de veiller à la qualité de l'air intérieur. Ouvrir les fenêtres tôt le matin pour aérer est une pratique conseillée. L'air de nos maisons est souvent plus pollué qu'on ne l'imagine, avec les émanations de nos textiles, meubles et appareils électroménagers, qui diffusent des composés organiques volatiles et autres substances. Il est surprenant de savoir que 90% des Françaises respirent un air pollué, laissant seulement 10% échappant à cette réalité. Prenez le contrôle de votre environnement !
Désolé pour tous les fans d’ambiance cocooning mais les parfums d'ambiance et les bougies, qu'elles soient parfumées ou non, sont aussi à proscrire. La raison ? Leur combustion libère des benzènes, reconnus comme perturbateurs endocriniens. De plus, si vous envisagez de peindre une pièce, privilégiez des peintures à faible émission de composés organiques volatiles ou mieux encore, optez pour des peintures végétales certifiées (Nature plus, PURE, Angle Bleu, etc.).
Vous l’avez compris, les perturbateurs endocriniens nous entourent et la législation tarde à interdire des substances d’ores et déjà avérées nocives pour notre santé. Mais il reste un espoir : la prise de conscience est la première étape vers un changement. En tant que consommateurs et consommatrices, nous avons le pouvoir de faire changer les choses, à notre échelle dans un premier temps !
En adoptant des habitudes de vie plus saines et en choisissant des produits sans perturbateurs endocriniens, on peut protéger notre fertilité et celle des générations futures. Alors, même si l’objectif zéro est inatteignable, chaque initiative compte.